mardi 1 octobre 2013

Le viol

Le viol

BOOM. Pour un premier article, on ne peut pas dire que je prends la voie la plus facile. Il suffit d'une mauvaise formulation ou d'un faux pas pour que je sois haï de la communauté Internet et que tous ne me jettent moult pierres et autres ordures, me rabaissant au niveau de ces individus pratiquant le slut-shaming ou autres pratiques irrespectueuses.

A vrai dire, je n'avais pas l'intention d'en parler tout de suite, mais la récente publication d'un article du Monde m'a fait régurgiter mon café sur mon écran, aussi me devais-je de réagir sur ces propos totalement monstrueux et qui n'ont pas, à mon sens, leur place dans notre société de merde civilisée.

Avec tout autant de sexitude. Les lunettes en moins.

Mais revenons à nos moutons.
Samedi 28 septembre, sur Canal +, Stéphane Ravier, candidat aux élections municipales de Marseille et membre du Front National, a été interrogé par Thierry Ardisson dans son émission "Salut les Terriens" à propos de la légalisation du cannabis à Marseille afin de contenir les violences qui s'y déroulent. Ce à quoi l’intéressé a répondu de manière raffinée, subtile et sentant les pâquerettes ramassées le matin même : 

"On pourrait légaliser le viol aussi ! Parce que le viol, finalement, c'est un rapport amoureux, qu'une partie des deux souhaite. La deuxième pourrait faire un effort. Si je suis votre raisonnement, c'est la même chose... On pourrait légaliser le viol, ou le vol de voiture."

Les réactions liées à cette déclaration continuent encore de paraître sur les différents réseaux sociaux, si bien que Stéphane Ravier a tenté de calmer le jeu dans un billet dénonçant une manipulation médiatique. Certains s'indignent, d'autres disent que les réactions négatives alimentent le mouvement anti-FN, bref les chaumières internautes françaises ont encore une fois quelque chose à se mettre sous la dent.

Je ne vais pas chercher à revenir sur de telles déclarations, bien que pouvoir chiper le véhicule de mon voisin sans avoir à le lui rendre et ce en toute légalité pourrait avoir ses avantages.

Surtout si ton voisin fait vroum-vroum avec un bébé pareil.

Ce qui va m'intéresser ici et m'a fait hurler de si bon matin c'est le fait que notre brave concitoyen parle du viol comme étant "un rapport amoureux qu'une partie des deux souhaite". Je suis désolé mais malgré son billet de démenti, le message est très clair : A et B sont amoureux, B n'en a pas envie mais A si, alors A le fait avec B même si B est réticent
Je ne suis pas certain que la majorité des victimes ou même des personnes pouvant exprimer un avis sur le viol soient d'accord avec cette définition. Par ailleurs, au vu de la rediffusion de l'émission, on ne peut pas dire qu'il s'agisse d'un quelconque dérapage ou d'une manipulation médiatique : 


La séquence qui nous intéresse est à 21:50.


Je ne vais pas aller plus loin dans le lynchage de cet homme qui doit ici exprimer son opinion personnelle et non celle de tout son parti politique, mais plutôt me centrer sur le sujet qui fait l'objet du titre de l'article : le viol. Ce rapport sexuel forcé qui est bien malheureusement monnaie courante dans notre pays de Droit fondateur de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme et du Citoyen. 
Précisons les choses, je ne vais pas chercher à dire des choses inédites, certains sites et auteurs l'auront largement fait avant moi, dénonçant non seulement l'acte mais aussi toute la culture qui tourne autour d'un tel acte (Coucou madmoiZelle !). Cependant, rien que pour faciliter chez vous la circulation de vos étrons vers leur voie de sortie naturelle, je vais rabâcher des propos déjà tenus et qui s'adressent non seulement aux victimes mais aussi aux bourreaux car visiblement, malgré le fait qu'on les répète, ça n'a pas l'air de rentrer (enfin, ça dépend malheureusement de quoi on parle).

Quelques chiffres

On pense, dans la majeure partie de l'esprit collectif, que le viol est quelque chose qui ne se produit que peu de fois sur peu de femmes ou d'hommes. Mauvais endroit, mauvais moment... Cependant, si l'on creuse un peu, les chiffres relatifs au viol sont beaucoup plus sévères que ceux que l'on essaie de nous transmettre.

- Selon un rapport de l'ONU datant de la fin 2012, 1 femme sur 3 sera "violée, battue ou tuée par un homme" au cours de sa vie. Ce chiffre effarant est d'ordre mondial, cela signifie que si l'on respecte ce chiffre, un individu lambda connaissant 3 femmes aura certainement dans son entourage une femme violée, et ce sans le savoir. 

- Des sites tels que le planetoscope recensent le nombre de viol en France étant de l'ordre d'environ 75 000 (cela fait plus de 0,1% de notre magnifique pays civilisé) par an pour presque 11 000 de déclarés.

- Le nombre de tentatives de viol frise les 200 000, toujours en France et ce par an.

Le but n'est pas ici de vous inculquer dans la tête le fait que derrière n'importe quel coin de rue peut se cacher une personne souhaitant vous embarquer dans une fiesta improvisée avec sa belle courge sans vous demander votre avis, il s'agit juste de montrer dans quelle ampleur le viol est fréquent en France et dans le monde en général.

Le viol n'est pas un acte anodin

Tout à l'heure je parlais de culture tournant autour du viol, cette culture a pour objectif (notamment dans les médias) de toujours trouver une justification rationnelle à l'acte du viol, ce qui aura pour objectif de banaliser voire d'annihiler la gravité de l'acte. Les partisans de cette culture sont ceux qui vont se tourner non pas vers le violeur mais vers les victimes pour les faire culpabiliser sur leur comportement qui aurait favorisé la poussée d'hormones sexuelles de leur agresseur. Et bien entendu, les exemples ne manquent pas, les victimes ne pourront jamais se faire entendre raison.

- La tenue vestimentaire : Un grand classique. Si je devais placer cet argument dans une échelle de valeur des arguments de la culture du viol, je le placerais au même niveau que le Beaujolais dans le classement des vins les plus attendus de l'année (et pourtant... Pouark, les gens, tapez-un coup dans un bon petit Sauternes !) ou encore au même niveau que Titanic dans le classement des classiques du cinéma hollywoodien (IL Y AVAIT DE LA PLACE POUR DEUX SUR CETTE PUTAIN DE PLANCHE ! C'est dit).
Prends-donc garde, gente dame, si tes guenilles permettent à ces messieurs d'apercevoir ne serait-ce que le haut de ton genou, j'espère pour toi que tu es championne régionale à la course, sinon tu vas bien vite te retrouver dans une ruelle sombre avec un péni à l'avant, puis un autre à l'arrière pour jouer au dada. 

Ma réaction devant de telles affabulations.

DONC, si j'ai bien saisi, même en période d'été les femmes doivent mettre leur parka afin d'éviter les écarts sexuels de notre sexe, ô bel organe ruisselant de virilité, prêt à bondir sauvagement de ses fourrés afin de répandre sans discontinuité notre jus d'amour dans ce corps tant convoité ?

Sérieusement, je crois ses Contemplations peuvent se rhabiller.

Excusez-moi, mais il me semble que j'ai raté un truc. Ne sommes-nous pas, dans notre beau pays, détenteurs de certaines libertés ? J'ai donc le droit de m'habiller comme je le souhaite, pourquoi pas les femmes ? Oh j'oubliais, parce que nous sommes des mâââââles et que nos hormones nous empêchent de voir les attributs d'une demoiselle sans avoir la frénétique envie de les voir de plus près. Cet argument est aussi insultant pour la victime que pour le bourreau puisqu'il est considéré comme une bête incapable de retenir ses pulsions. 

- Le comportement de la victime : Autre classique, les victimes n'ont pas le droit de se comporter d'une manière aguicheuse ou un peu attrayante sous peine de se retrouver les jambes à l'air et ce sans en avoir envie. Là encore on traite les hommes de bêtes incontrôlables. On a compris les filles, ne nous séduisez plus, on ne tient pas à vous traumatiser à vie ! Venez et dites-nous de but en blanc ce que vous voulez, vous inquiétez pas la drague c'est has-been, le consentement aussi ! Et puis si jamais ça tourne mal, vous l'aurez bien cherché, après tout on sait pas retenir nos bourses !

"C pa ma foT g glicé sur le çavon LOL"

Ces différents exemples figurants parmi une liste longue comme un bras ne servent qu'à répandre l'idée comme quoi le viol, à même teneur que le meurtre ou le vol, est une chose acceptable, excusable. Or, ici, il y a atteinte à l'intégrité de la personne, que ce soit physique ou morale. La victime n'aura strictement rien pour se défendre dans une société où le viol est vu dans de multiples domaines (que ce soit le cinéma, les jeux-vidéos, la publicité...) comme un acte répandu et impuni.

Et bien sûr, les gens trouveront parfaitement les mots pour rassurer une personne de leur entourage qui a été violée.


Le viol n'est pas causé par la victime

"C'est ta faute", "Tu l'as bien cherché", "Dans le fond tu en avais envie, non ?", "Ça va passer, c'est de l'histoire ancienne"... Faut-il vraiment énoncer toutes ces phrases qui ne font rien d'autre qu'enfoncer une personne atteinte profondément dans son intégrité, sa sexualité, jusqu'à ce qu'elle-même finisse par y croire ? C'est là l'objectif de la culture du viol, faire en sorte que l'agressé(e) rende légitime l'action de son agresseur. 
Quelques-unes retiennent mon attention tant elles m'étranglent d'effroi, surtout quand les chiffres parlent d'eux-mêmes.

"T'avais qu'à te débattre, tu aurais peut-être fini par t'en sortir" : Oh really ? Quand on sait que 96% des viols sont commis par des hommes et que 91% des victimes sont des femmes, c'est sûr que dans la majorité des cas, les victimes on de grandes chances de s'en sortir.
Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit, je sais qu'il y a des femmes plus fortes que certains hommes, mais mon côté féministe en prend un coup quand je constate effectivement que les hommes ont une condition physique plus favorable que celle de la majorité des femmes. Cela est aussi dû à la culture partant du principe qu'un homme doit être musclé et pas les femmes. 
Quoi qu'il en soit, ne croyez pas non plus qu'en se débattant, une femme a 100% de chances de s'en sortir. Et puis souvenez-vous, il y a presque 200 000 tentatives de viols pour environ 75 000 d'entre elles qui aboutissent à l'acte. Cela prouve bien que toutes les victimes cherchent à fuir ce qui les attend. Eh, vous vous attendiez à quoi, que du début à la fin elles jouent aux petits chevaux ?

- "Qu'est-ce que tu attends pour prévenir la police ?" : Là encore, ce n'est pas aussi simple. Tout d'abord, 80% des violeurs sont connus de la victime, dont 25% sont un membre de la famille. Difficile alors pour la victime de se mettre toute sa hiérarchie familiale à dos en disant que Pépé a voulu montrer qu'il n'avait rien perdu de sa vigueur d'antan. Existe également la peur des représailles, la peur que personne ne nous croit ou refuse de croire qu'un membre de la famille ait commis/subi une telle chose... Il est très difficile alors de faire le premier pas vers le commissariat. De même, plus la victime mettra de temps à porter plainte, plus les forces de l'ordre auront tendance non pas à la soutenir mais à la blâmer. Vous comprenez, le violeur a pu se barrer à l'autre bout du monde, il a pu allonger sa liste de victime, alors ma cocotte, t'es gentille, ça fait 5 ans qu'il t'es passé dessus, on a d'autres problèmes urgents à régler, va lire un magazine dans la salle d'attente et on va s'occuper de toi dès qu'on a le temps, d'accord ? 5 minutes de plus, vu que t'as attendu si longtemps, ça va pas te faire de mal hein ?

Mais en attendant, on va contrôler les fraudeurs. Question de priorité.

- "J'arrive pas à croire qu'il y a encore des malades obsédés pareils !" Malades ? Souvenez-vous, 80% des violeurs sont connus de la victime. De plus 90% d'entre eux ne présentent aucune pathologie mentale et 90% d'entre eux sont issus des classes populaires. Autant te dire que pour tomber sur le rebut de la société à moitié fêlé qui ne comprend pas ce qu'il fait ni pourquoi il le fait... T'auras sacrément besoin de chercher. De toutes façons, les déficients mentaux ne sont pas punis pénalement en France, alors si la majorité des violeurs étaient des cinglés, il faudrait qu'on s'inquiète car il y a potentiellement 200 000 malades en liberté et aucun d'entre eux ne peut être puni par la loi.

Tremblez, victimes, le viol a gagné.

Le viol n'est pas quelque chose de voulu par la victime, cette dernière doit vivre après cette épreuve et développe parfois certaines séquelles graves : dépressions, tentatives de suicide, auto-mutilation... Ne se sentant aucunement aidées par leurs proches, ces dernières peuvent aller jusqu'à se croire coupable et elles n'en seront que plus facilement manipulables. Or, elles ont été atteintes physiquement et mentalement par un tiers qui les a forcé à avoir un rapport sexuel. Le consentement, qui est la base de ce type de rapports entre deux, trois, huit, voir 150 personnes, n'est ici pas présent et c'est justement ce qui fait du violeur une personne qui a un comportement inacceptable : forcer un individu à faire quelque chose qu'il n'a pas envie de faire, parfois sous la menace (esclavage, proxénétisme et j'en passe coucou !).

Le combat contre le viol

Fort heureusement, malgré le fait que le viol soit encore banalisé par la culture de ce dernier, si bien que certains s'en donnent à cœur joie pour en rire grassement, plusieurs personnes ou organisations combattent (et heureusement !) les violeurs et la culture du viol. Certains usent la voie de publicités, d'autres utilisent Youtube pour diffuser leur message, notamment cette fantastique vidéo indienne qui fait face à des affaires de viols relativement importantes en Inde et qui entraînera, espérons-le, un changement des mentalités.

Note d'ironie : 10/10

Bien entendu nous ne sommes pas le pays le plus mal loti. Certains pays comme l'Inde citée plus haut connaît bien plus de cas de viols que nous. Certains, pour des raisons culturelles, prennent des mesures drastiques pour protéger les femmes des potentiels viols qu'elles pourraient subir (on pensera dans une commune mesure à la burqa mais il existe aussi des inventions insolites et parfois navrantes... Sérieusement, faut vraiment qu'on en arrive là pour protéger les femmes ?).
Le fait que nous ne soyons pas le pays le plus violeur est-il une raison pour ne pas en parler ? Loin de là. Les hommes avec un grand H ont le droit de ne pas vivre dans la peur du viol, de savoir que leur prochain ne leur veut pas de mal et qu'il respecte leur corps et son intégrité. Cela dit, si votre délire est de vous mettre des crochets sur les tétons pendant vos parties de jambes en l'air, contactez-moi ! ça ne regarde que vous ! Mais tant que cela est fait de manière consentante, c'est tout ce qui compte. 
On ne force pas, même votre chéri(e)/concubin(e)/marié(e), à avoir un rapport sexuel s'il ou elle n'en a pas envie. En bref,

Le viol c'est mal
Eh ouais. Paye ta conclusion.

Le viol peut être puni jusqu'à 30 ans d'emprisonnement et il est sanctionné depuis l'un des premiers Droits de notre civilisation, le Droit hébraïque, bien que les interprétations de la notion de viol aient évolué avec le temps. Ce qui est malheureux, c'est de s'apercevoir que les agresseurs n'ont jamais cessé depuis. Ce qui est rassurant, c'est de savoir que les victimes en parlent davantage et qu'avec la réduction de la violence dans le temps (mais genre le temps très long hein, genre depuis le Moyen-Âge), le nombre de viols a également diminué. Les mentalités évoluent et nous pourrions, soyons fous et les yeux pleins de papillons, imaginer que les viols seront plus rapidement déclarés et donc les agresseurs sanctionnés.
La culture du viol, quant à elle, est une insulte non seulement pour les femmes qui sont les principales victimes d'un viol (91% bordel, presque autant qu'aux élections Staliniennes !) mais aussi pour les hommes qui se font traiter de phallus sur pattes incapables de retenir leurs pulsions bestiales. Merci beaucoup pour l'héritage social qui a fondé nos valeurs sociales. Wouhou. EH MAMOIZELLE T'ES BONNE

Alors non, je suis désolé monsieur Stéphane Ravier, mais le viol n'est pas un rapport amoureux souhaité par une seule des parties. Il n'y a pas d'amour, il n'y a que du sexe non désiré et violent qui va laisser un traumatisme pour une personne qui aurait voulu tout sauf se retrouver dans cette situation (quoique, elle n'aurait peut-être pas non plus voulu se retrouver dans une soirée urophile par accident. Ça doit être vachement gênant. Et particulièrement dégueu).

Le débat pourrait alors se résumer en cet adage qui résume parfaitement le combat contre le viol : "ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu'on te fasse."

A méditer.

11 commentaires:

  1. Un excellent article pour démarrer ce blog ! Bravo pour ton engagement et ton souci du chiffre ! :)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci. Je crois sincèrement que sans preuves matérielles, un discours de ce genre ne sert strictement à rien.
      Et puis je suis très pointilleux aussi x)

      Supprimer
  2. J'ai apprécié l'article et l'ironie, merci, et continue surtout :p

    RépondreSupprimer
  3. Article bien écrit, bravo :)
    Cependant M Stéphane Ravier s'exprimait dans l'extrait que tu nous montres de manière absurde, pour dénoncer autre chose. Il pense comme toi, donc ;)
    (AMHA)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Peu importe sa formulation, j'ai surtout rebondi sur le fait qu'encore une fois le viol fasse polémique dans la sphère publique pour parler d'un sujet me tenant à cœur.

      Supprimer
  4. Article très intéressant mais qui fait froid dans le dos... Etant concerné par ce que tu écrit (si tu voit ce que je veut dire...) cet article me donne envie juste de me garder le silence encore plus par peur d'être raillé ou rejeté alors que je sais que ce n'est pas ce qu'il faut faire, que sa va à nouveau m'entraîner dans une spirale de dépression... Bref, je me permet de donner mon avis sur ce que tu à écrit...
    Je garde des séquelles disont... et quand j'ai lu ce qu'est la culture du viol, j'ai rit jaune...
    Le coup de la tenue vestimentaire, le coup de l'attitude... ça me fait vraiment devenir cynique... Quand ça m'est arrivé, j'avais dix ans... Donc oui, je m'habillais comme une enfant de dix ans normal, jean et basket. A dix ans, je ne connaissais rien en matière de drague ou de sexe... Mais malgré cela, d'après cette culture du viol, je suis quand même responsable ? La bonne blague...
    Je ne sais pas si vous connaissais le film Orange Mécanique de Stanley Kubrick, mais la scène où le héros est obligé de regarder des images choquantes, attaché sur une chaise sans possibilités de tourner la tête ou de fermer les yeux, représente ma vie depuis ce jour... Et je sais que je ne me lèverais jamais de ce siège...
    Se débattre, hein ? Oui je me suis débattue comme une furie ! J'ai hurlé pour que l'on vienne me sauver, j'ai pleuré, j'ai supplié et personne ne m'a sauver... Je pense que ces gens n'ont pas vécu ce genre d'évènement et c'est pourquoi ils se permettent de sortir ce genre de... de stupidité ! J'aimerais les voir dans ma peau... J'ai tout fait pour oublier ce moment mais ce n'était pas sans conséquences, je pouvais frapper toutes personnes inconnues qui m'auraient ne serait-ce que toucher l' épaule si je n'arrivais pas à me contrôler, je me rédissais comme une planche quand on me faisait un câlin... J'étais associable, je ne voulais plus entendre parler de ce monde horrible... Je voulais juste ne plus rien ressentir... En troisième, j'ai finit par ne plus dormir parce que je n'arrivais plus à faire semblant, j'ai craqué et j'ai voulu me tuer... Ils ne comprennent rien et/ou ne savent rien... A cause de ça, je suis un poid pour mes amis et mon petit ami... Je suis écartelée par ma nature caline et ma peur que cela recommence. Car oui j'ai tout le temps peur...
    Ils ne comprennent pas, et je ne peut pas me mettre à leur crier « Faites vous violer et on en reparle ! » parce que ce serait m'abaisser à leur niveau... Je ne le souhaite à personne dans ce monde...
    Parlons d'ailleurs du rape and revenge... Je crois que les producteurs de ces films ne réalisent pas que se venger, ce n'est pas « passer à autre chose en tuant celui qui à brisé ta cruche » mais c'est tuer une personne qui t'a laissé un mauvais souvenir et en rajouté une couche en te forçant à porter le fardeau d'un meurtre en plus...
    Pour ce qui est de porter plainte quand c'est une personne de la famille, tu à raison... Ce n'est pas mon cas mais j'aimais vraiment la personne qui m'a fait ça... Et aujourd'hui, je suis écartelée entre ma haine et mon amour pour lui... Je n'arrive pas à comprendre quand tout à dérapé et je n'aurais jamais aucune réponse... Porter plainte contre quelqu'un qu'on aime est une chose difficile à faire...
    Voilà j'ai finit mon monologue...
    Aujourd'hui, j'essaye d'avancer, je trébuche parfois mais je finit toujours par me relever car j'ai une vie que je doit vivre, j'essaye de ne pas y penser sans parvenir à lâcher prise

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je ne pensais pas parvenir si vite à une pareille réaction... Je ne sais que dire, m'excuser serait certainement maladroit, car je sais que réparer pareille chose avec le pardon est impossible (et de toute façons je ne suis en rien concerné par cette histoire).
      Au moins le mérite aura été que mon article t'a secouée et a bougé des choses en toi. Mais tu l'as constaté, la culture du viol est omniprésente et la combattre est compliquée de nos jours car elle est manipulée et usée à outrance par une majeure partie de la population voyant encore les femmes comme des personnes pures, gentilles et soumises. Cette manière de les rendre pareille à des objets juste pour se "vider" est intolérable et elle est encore plus fourbe au vu du silence de la plupart des victimes, ce qui renforce le cercle vicieux.
      On ne peut pas te réclamer de dénoncer la personne ou d'oublier, chose dénuée de sens, en revanche s'en relever est également une chose compliquée, d'autant plus que l'auteur était aimé de ta personne. Je suppose que pour toi, accorder ta confiance à quelqu'un aujourd'hui est loin, très loin d'être aisé.

      Je ne peux rien dire de plus si ce n'est te souhaiter bon courage et surtout que tu sauras trouver des gens capables d'enterrer ces souvenirs aussi bien que de les masquer lorsqu'ils referont surface.

      Avec toute mon amitié et un réconfort mental chaleureux. Et un cookie aux smarties avec un chocolat chaud.

      Supprimer
    2. Merci pour ton message, c'est rassurant de savoir que quelqu'un pense à nous, tu n'a pas idée du bien que ton message m'a fait...
      Je compte suivre ce blog, je te dit donc à bientôt ^_~
      PS : le cookie c'est pour que je vienne du coté sombre de la force ? =o

      Supprimer
    3. Je t'en prie, c'est naturel.
      En ce qui concerne le cookie, ça dépend si tu manges le smartie bleu ou rouge.

      Supprimer